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Première version: 2016-03-09
Dernière version: 2018-10-19
Sommaire de la page
Les infos sur Manteïa qui suivent proviennent du livre Les voyantes de André Larue, livre paru en 1971 aux éditions Fayard (numéro d'édition 4438, H.S.C. 23.26 71-VI 35-5483.9).
Il faut donc se replacer dans le contexte de 1971 pour lire cette page.
André Larue est un journaliste depuis 1945, plus connu pour sa proximité avec Georges Brassens et son livre La mauvaise herbe ou Georges Brassens. Larue organise chaque année la "table ronde des voyantes" à l'occasion des prédictions de début d'année. Cette activité n'apparaît pas sur la page wikipédia de Larue par exemple...
André Larue semble très attaché à la notion de réussite sociale (il faut parti d'une certaine classe sociale qui fréquente Georges Brassens par exemple, qui plus est avec les facilités d'entrée du journaliste pour parler au gratin mondain).
La réussite sociale semble signifier pour lui avoir suffisamment d'argent, l'afficher au travers de voitures de luxes, de vêtements couteux, de bijoux, d'activités couteuses, de villas secondaire à la campagne, à Deauville ou sur la côte d'azur, suit la mode, se tient au courant de l'actualité du monde, des beaux objets d'art dans son appartement, et cotoyer les gens d'un niveau "élevé" de la société, je rappelle qu'on est en 1971, dans un milieu bourgeois qui se serre les coudes pour acquérir du pouvoir. D'ailleurs, il me semble ressentir dans le texte de Larue que Manteïa, n'étant pas de bonne naissance (soit haute classe sociale, soit bourgeoise, issue d'une lignée artiste ou de la diaspora), est mal considéré par Larue (par exemple, Manteïa n'est cité qu'en dernier dans la description des voyants), bien que Larue reconnaisse (souvent à contre-coeur me semble-t-il) que Manteïa soit un voyant authentique et plus fort que ses confrères. Et malgré le fait que les autres voyants avaient plus de facilité à faire ce métier de par leur naissance dans le bon milieu social (étude depuis petits de l'occultisme parce que les familles de haut niveau hiérarchique savent que ça existe, du temps pour le faire quand on n'est pas occupés aux travaux de la ferme, l'accès à la bonne documentation grâce au franc-maçon ou au kabbaliste de père, etc.). En gros, il est un peu reproché à Manteïa des capacités innées ou inspirées de la source universelle de compassion, alors que les autres voyants, de par leur naissance, ont développé au fil du temps et d'entraînement des pouvoirs de clairvoyance, sans avoir de don vraiment inné à la base.
Je ressens aussi de la part de Larue de la critique quand il dit que Manteïa reçoit des gens de toute origine sociale.
Bref, passons aux infos tirées du livre. Certains prénoms, comme la famille de Mantéïa, sont légèrement changés par le journaliste Larue dans son livre, et je supprime pour ma part toute référence au nom de famille. Surement à la demande de Mantéïa.
L'histoire de Mantéïa ci-dessous n'est pas exactement la vraie, Mantéïa aimant brouiller les pistes sur sa vie privée, ou cachant ses activités avec les personnes et organisations haut placées de la société. La plus grosse différence vient du fait que sa famille était citadine, avant d'acquérir une ferme pour se nourrir en temps de guerre. L'histoire du séminaire et de l'armée est fausse aussi. Pas de diplôme, bien qu'il soit très intelligent.
Page 85. [André Larue termine sa présentation de plusieurs voyantes puis voyants (Catherine Jan, Anne Criss, Mme Vera, Rose Stoler, Nicole Valier, Réjane, Nicole Delya, Frédérika, Mario de Sabato, Frédéric Dieudonné, Patrick Lannaud) par Manteïa, le plus "fort" de tous]
Manteïa, de son vrai nom Jacques XXXX, voit le jour en décembre 1930 à Blond, un petit village limousin à 30 kilomètres d'Oradour sur Glane. Ses parents sont fermiers. Du côté de sa mère, son grand-père et son arrière-grand-père, les Pouteaud, sont connus depuis des décennies à des lieues à la ronde. Appelés "les sorciers", ils soignaient les bêtes et accessoirement les gens, tout autour de Limoges, Bellac, Oradour et Nantiat. A l'époque, où on ne se déplaçait qu'à pieds sur de mauvais chemins tortueux, on écrivait aux sorciers qui n'avaient ainsi pas besoin de se déplacer. "La vache est malade" était écrit sur une lettre, et à distance l'un ou l'autre des Pouteaud guérissait la bête.
Le père de Mantéïa, étant communiste donc violemment athée par principe, éprouvait à l'égard de son beau père une certaine crainte. Cette magie, dont il constatait journellement les miracles, le troublait. Réfractaire à la religion, il tira plutôt vers l'occultisme.
Ayant hérité du don familial maternel, le petit Mantéïa manifesta ses premières visions à 9 ans. Alors que ses parents discutaient d'une voisine qui venait de tomber malade, il dit qu'elle mourrait dans la semaine. Elle mourru en effet 2 jours plus tard. Une autre fois par contre, alors que le médecin venait d'affirmer que la grand-mère maternelle n'en avait plus que pour 2 semaines de vie, Jacques annonça qu'elle vivrait encore très longtemps, le docteur mourrant avant elle. Sa grand-mère mourut en effet fort vieille, bien après la mort de ce docteur.
A l'âge de 10 ans, Jacques déclara qu'il voulait être prêtre. Son communiste de père, inquiet des talents diabolique, préféra le voir avec dieu qu'avec le diable, bien que ce ne soit pas ce qu'il aurait choisi pour son fils. Jacques fut envoyé au petit séminaire de Saint-Jean au Mans. Il s'y révela un excellent élève, possèdant 2 bacs à 16 ans. Passé au grand séminaire, il prépara ses études de théologie.
A 19 ans, au moment de passer sa licence, il comprit qu'ils faisait fausse route. Ne se sentant pas d'affronter le célibat, de porter la soutane, il n'avait de plus pas trouvé ce qu'il voulait dans la religion. Un appel plus impérieux l'avait attiré : la voyance. Il s'accordait avec une vie spirituelle.
Il devança l'appel de l'armée et s'engagea dans la marine, pour les voyages. Il fut envoyé à l'école de maistrance de Loctudy. Puis il fut envoyé ensuite dans le sous-marin La Junon. A bord, il organisait des séances de magnétisme et de télépathie avec ses copains. Libéré de ses obligations militaires en 1952, il loue un appartement à Limoges et s'installe comme voyant et guérisseur.
Il se choisit le nom de Manteïa (mancie, voyance en grec ancien). Il a 22 ans, à une époque où cette profession était réservée aux femmes, de préférence bohémiennes dans les foires. Un des premiers à ne pas s'établir à Paris. Il faut se remettre dans l'époque, les voyants étaient considérés comme sorciers, on ne disait pas qu'on les consultait, ils vivaient cachés.
Un an plus tard, le gros journal de la région, le populaire du centre, sollicite ses prédictions. Il annonce un homme sur la lune en 1969... En 1953, à cette époque où les voitures en Haute-Vienne sont encore rares, les tracteurs pas si courant, les routes plutôt encore adaptées aux les animaux (Note de AM : d'après mon père qui a connu cette époque dans la région, on était plus proche du début du siècle, rien n'avait encore vraiment bougé), cette prédiction peut faire tâche... Quand le jeune voyant va chercher son lait chez le crémier, on l'appelle Pierrot de la lune... Il est difficile d'avoir raison trop tôt!
Un jour, une paysanne sonne à sa porte. Elles est cultivatrice à Sauviat sur Viges, près de Limoges. S'exprimant en patois occitan, elle s'inquiète pour son fils de 16 ans considéré comme fou (Ohe faü en patois) qui n'aime que les courses de bicyclette et qui veut devenir champion. Manteïa lui réponds qu'il n'est pas si fou que ça, qu'il réussira et qu'il deviendra en effet un grand champion. En sortant, le fils (Raymond Poulidor de son nom) est fou de joie!
Lassé des sarcasmes des limogeauds, Manteïa s'exile à Brives, 100 kms au Sud. Des clients de Limoges se déplacent pour le consulter. Manteïa émigre ensuite à Périgueux, ne se plaisant pas à Brives, toujours suivi par ses bons clients, et s'en créant de nouveaux. Un de ses copains de séminaire, Pierre Larignon, qui lui aussi a abandonné la prêtrise, et qui peut guérir par imposition des mains, lui propose de le rejoindre à Brest. Manteïa y reste 4 ans, avant d'être repris par sa passion des voyages et de s'envoler pour Madagascar, où il compare son savoir à celui des sorciers noirs.
Là-bas, il tombe amoureux de la fille d'un directeur de lycée dont la carrière s'était déroulée aux colonies : Cameroun, Côte d'Ivoire, etc. Arlette, professeur de latin très intuitive, est elle-même attirée de par son passé africain par le fétichisme, la magie noire, le spiritisme. Elle ne s'étonna donc pas d'épouser un voyant, sachant que sa grand-mère, férue d'occultisme, lui avait prédit qu'elle épouserais un homme bien plus âgé qu'elle avec un pouvoir divinatoire.
Manteïa se marie à Madagascar, il a 38 ans et sa fiancée 22 ans. Son beau-père rentre en France en 1962 et fut affecté au CES de Pau. Manteïa suivit sa belle-famille et ouvrit un cabinet à Billère, dans la banlieue de Pau, où il se taille rapidement une brillante réputation, grâce notamment à ses étonnantes prédictions mondiales à longue échéance qui lui ont valu d'être surnommé "le voyant de l'an 2000" (on est toujours en 1971, ne l'oubliez pas!). Manteïa ajoute lui même, sans fausse modestie : "reconnu comme étant le meilleur voyant de notre temps".
En 1971 il jouit d'une renommée internationale, étant considéré comme le "prédicteur" ou devin le plus fiable de son époque.
C'est le seul voyant à faire contrôler ses prédictions par huissier. Elles se révèlent exactes à 98%.
Tous les ans, dans la nouvelle république de Tarbes et la nouvelle république de Pau, ainsi qu'à Radio Andorre, il publie ses prédictions de fin d'année. Il a été demandé par la télévison régionale de Bordeaux en janvier 1971. De même que par la chaîne américaine CBS, l'une des plus importante stations américaine de l'époque. De même que le magazine Beyond, spécialisé dans l'occultisme, qui lui a réservé 6 pages après le verdict de 300 journalistes internationaux le consacrant comme l'un des meilleurs voyants du monde.
On le prends maintenant au sérieux, ses amis sont des médecins, des avocats, des journalistes,... des prêtres.
La clientèle de Manteïa est internationale, on vient d'Allemagne, de Suisse, d'Egypte, de plus loin encore. Il prends l'avion pour Paris afin de visiter les personnes qui ne peuvent se déplacer. Des artistes comme Darry Cowl, André Claveau, Jean Lefebvre, Robert Hossein, Georgette Lemaire font appel à lui. Il se déplace aussi une fois par mois à Bordeaux pour rencontrer un important personnage qui restera secret [Note AM : probablement Chaban-Delmas].
Père de 4 enfants, il mène malgré tout la vie de tout le monde, heureux dans son ménage et son foyer. Sa femme lui sert de secrétaire. La petite Natacha, 3 ans et demi, révèle déjà des dons de voyante (l'hérédité des Pouteaud). Dernièrement, elle était à table devant son verre rempli d'eau de Vittel. Les Mantéïa ont pour amie une esthéticienne, Mme D... qu'ils voient de temps à autre et que leur fille ne connaît pas. Natacha dit à son père, en élevant son verre devant ses yeux :
- Regarde, papa, il y a Mme D... dans le verre.
Manteïa regarda le verre à son tour et souffla à sa femme interloquée :
- Je te jure qu'elle dit vrai.
Un quart d'heure après, Mme D.., qui n'était pas attendue, arrivait chez les Manteïa.
Il paraît que Natacha prévoit même les fessées que reçoit parfois sa soeur Véronique !...
page 126.
[Cette partie est indépendante de Manteïa. Après avoir révélé des dizaines de techniques de divination (chiromancie, cartomancie, marc de café, etc.) André Larue donne le réel secret de la divination]
Les "bons" voyants sont les premiers à rire de ces procédés enfantins.
Le marc de café, les tarots, la boule de cristal, etc. sont des supports. Le support, c'est ce qui sert naturellement ou artificiellement à provoquer la voyance en aidant la voyante à s'abstraire, à se concentrer et à "voir". Le consultant crédule s'imagine que le voyant aperçoit dans la boule de cristal, comme dans un kaléidoscope, le film de son avenir. Or, à part le décor déformé, on ne voit rien dans la boule.
Sans la boule, le voyant peut "voir". Il suffit qu'il soit bien disposé, bien entraîné, bien déconnecté avec l'extérieur. Alors, il n'a plus besoin de support.
Rose Stoler l'avoue : la boule lui sert à s'auto-hypnotiser. Elle l'oblige à se concentrer, à se vider de tout ce qui n'est pas son sujet, à se mettre en état de grâce.
La boule de cristal, c'est pour sa clientèle. Elle ne sert plus à rien au bon voyant. Elle peut servir à se concentrer, mais on peut aussi se concentrer sur un coin de la pièce ou sur un clou.
Le voyant prends l'initiative pour se substituer au client.Il se vide lui-même pour opérer la transformation, devenir l'autre.
Les émotions du client finissent par arriver. Le voyant ressent ce chagrin, et à travers lui-même, d'après ses propres sensations, le voyant va définir ce chagrin.
Les clichés apparaissent : pour définir le problème du client. Le voyant cherche les réponses au questions du client. Il questionne, et les clichés apparaissent ou non. Si le client est une mère dont la fille à disparue, après s'être assuré que la fille est toujours en vie, le voyant devient la fille et regarde où elle se trouve.
Pour les voyants à clichés, comme Rose Stoler, le problème au début est de décrypter ces clichés. Souvent, le client les comprends et les décrypte pour elle. Un "guide" aussi peut aider au décryptage. Pour Rose Stoler, ce guide est un homme d'une trentaine d'années, brun distingué, toujours vêtu de gris. Il apparaissait quand elle était embarassée par une question et lui soufflait la réponse.
Maintenant qu'elle voit seule, Rose dépense un influx nerveux considérable pour se concentrer et se mettre dans l'âme de ses clients. Elle ne travaille que l'après-midi et sort épuisée.
page 159.
Les voyants hommes n'ont pas, comme leurs consoeurs, à s'encombrer avec des supports, à paine quelques cartes de temps en temps. Pour Dieudonné, qui a une carte du zodiaque sur son bureau et a fait beaucoup de thèmes astrologiques (qui se sont souvent révélés faux), il dit qu'il pourrait aussi bien utiliser une boîte d'allumette. Le support c'est le "bonhomme".
Il a enquêté auprès d'un registre d'état-civil, et c'est aperçu qu'en utilisant l'astrologie telle quelle, il obtenait des résultats complètement faux (les balances ne vivaient pas plus vieux que les autres, avaient des vies médiocres aul ieu d'être les génies annoncés, etc.).
Page 165.
Au contraire des voyants de l'époque, qui utilisent le tarot, la boule de cristal, l'astrologie ou autres marc de café pour faire leurs prédictions, Manteïa n'a besoin d'aucun support.
Il ne cherche pas non plus à conseiller ou à guider ses clients. Il fait de la voyance à l'état pur, total, intégral. Il est voyant, il se contente donc de voir, un point c'est tout. Bien que pour ses publicités il se soit fait photographier au dessus d'une boule de cristal, cette dernière lui est totalement étrangère.
Il voit le présent, les morts lui parlent par métenpsychose, il dirige les vivants par la psycho-suggestion (sorte d'hypnose psychologique, de méthode Coué pour dépasser les barrières psychologiques), il communique avec les vivants lointains grâce à la télépathie, et il dévoile l'avenir à travers ses visions. Il avoue s'étonner lui-même.
Quand il rentre dans le cabinet, le client ne doit rien dire, c'est Manteïa qui parle. Il retrace la vie de son client, première phase de la naissance à 10 ans, 2ème de 10 à 25 ans, et une troisième le reste. Tout en développant les rougeoles, les bachots, les fiançailles, il fait taire le client qui chercherait à l'interrompre. Ce dernier ne parle qu'après.
Le monologue est enregistré au magnétophone. Après 25 ans, Manteïa fait une pause, le client confirme les révélations faites à 93%, et peut enfin poser ses questions.
On ne va pas chez lui pour y trouver du réconfort, obtenir un conseil, ou se confesser. On y vient pour obtenir des réponses à des questions précises :
- Comment mon mari est-il mort en 1914?
- Qui m'a volé mon porte-feuille?
- Où est mon fils qui a disparu depuis 2 mois?
C'est le seul voyant à donner des dates précises, des lieux exacts, des noms propres (au contraire de beaucoup qui donnent la première lettre du prénom).
Il est en permanence en état de voyance. Dans la rue, il vous prends le bras et dit :
- Cette femme sur le trottoir en face, elle trompe son mari. Elle est en train de rejoindre son amant.
Au restaurant :
- L'homme aux cheveux blancs derrière vous, il n'a plus que 9 mois à vivre.
Dans un wagon de train (les anciens compartiment ou 4 passagers faisaient face à 4 autres), il ressent le contact psychique du voyageur installé en face de lui, comme s'il se glissait dans sa peau. Il revoit l'homme, retrace sa vie.
C'est un voyant organisé. Outre le magnétophone qui enregistre ses déclarations, il établit ses consultations par correspondance en 3 exemplaires : l'un pour le client, un autre pour lui et le troisième pour un huissier. Les réclamations sont admises pendant 6 mois. Bilan, seulement 2% de déchets.
Il dispose d'un fichier de 150 000 fiches, dont 5000 pour les USA, 3 000 en allemagne, 8 000 en Espagne, etc. Il a 15 000 clients plus ou moins réguliers dans le monde.
Il affirme ses voyances avec tant de forces que souvent, ses clients, croyant posséder la preuve du contraire, se fâchent.
Par exemple, à une cliente bien connue de Pau, qui voulait savoir si le proche mariage de sa fille serait solide :
- Votre fille se mariera dans un an au Maroc. Elle aura une petite fille et vous demandera d'aller la rejoindre. Vous partirez en avion.
- Ma fille se marie dans 15 jours, réponds séchement la cliente. La robe de mariage est achetée et le repas de noce commandé.
- Au revoir madame.
Au final, le mariage fut rompu, la jeune fille en épousa un autre, au Maroc. Sa mère pris l'avion pour la rejoindre à la naissance de sa petite fille...
Autre exemple, une cliente, qu'il ne connaissait pas lui demanda un jour :
- Quand vendrais-je mon commerce?
- Attendez! C'est une librairie située dans une rue en face d'une école...
- Oui.
- Vous ne vendrez que dans 13 mois.
- Pas avant?
- Non. Votre acheteur sera un fleuriste, un homme de 40 ans, brun, petit, maigre.
10 jours plus tard, la cliente revient, triomphante :
- Vous ne connaissez rien à votre métier, vous n'êtes qu'un charlatan. J'ai vendu ma librairie et même reçu un accompte.
- N'en croyez rien. Votre acheteur, qui est une femme, va se dédire. Vous garderez l'argent que vous avez reçu. La vente aura lieu comme je vous l'ai déjà annoncé.
5 mois plus tard, la cliente avoue :
- Vous aviez raison, mon acheteuse est tombée malade et n'a pas donné suite à son projet. Elle a préféré perdre son dédit.
Elle vendit, à la date prévue par Manteïa, son commerce à un fleuriste.
Manteïa affirme que ses clichés sont clairs. Ils n'ont pas besoin d'être décrypté comme souvent pour les autres voyants. Quand il décrit une scène, il la voit réellement comme elle a été, comme elle est et comme le sera. C'est ainsi qu'à 50 ans de distance, il a pu apporter à une vieille femme la solution qu'elle cherchait depuis longtemps.
Le voyant raconte lui-même cette histoire dans la plaquette qu'il a fait éditer sous le titre Des ombres et des étoiles. Je résume.
La cliente est petite, usée par les années. Elle me tends la main pour que je lise dans les lignes de sa main, je le fait pour lui faire plaisir car les premières images de "voyance" sont déjà en train de m'apparaître.
- Vous vous appelez Hélène, vous avez beaucoup travaillé, votre vie fut difficile et laborieuse. Et quelle solitude autour de vous!
La brave vieille opine de la tête, mais son sourire est figé dans un rictus. Son regard se fait lointain... et les images du passé lui reviennent en mémoire...
- Il y eut un homme dans votre vie, un seul. Vous l'avez beaucoup aimé et beaucoup pleuré. Il s'appelait Jean, il est mort, tué à la guerre de 14-18...
Elle m'interrompit vivement.
- Dites-moi comment il est mort... A-t-il beaucoup souffert? Je n'ai appris son décès que 2 semaines après, mais je sais pas les circonstances.
Elle me tends à ma demande une photo jaunie, écorchée. Elle précise :
- Cette photo a été prise 6 mois avant son départ pour le front.
Je me concentre sur cette photo et une date m'apparait : 1916
- Il n'a été appelé qu'en 1916, madame.
- C'est exact.
- Je suis à Verdun. Une bise âpre balaie la campagne dévastée. Votre mari est en tenue de fantassin. Je le vois debout dans une tranchée. Autour, au dessus de lui, quel vacarme! Bruits de mitraille, éclatements de grenade, appels, plaintes. Des ordres sont donnés : votre mari s'élance hors de la tranchée. Il court, il crie, il s'arrête. Il porte les mains à sa tête, il vacille... Il tombe à genoux. Il se relève... et retombe. Il prononce un nom, le vôtre... Il est mort. Nous sommes le 10 novembre 1916. C'est un éclat d'obus qui l'a touché. Mais il n'a pas souffert. Il n'a été emporté du champ de bataille que le soir. Il est enterré dans le petit cimetierre de S... près de Verdun. L'église détruite par les bombardements a été reconstruite depuis. Sa tombe est bien entretenue. Je vois des fleurs autour... Vous n'avez jamais pu y aller, mais vous irez bientôt.
- Vous ne croyez pas que je mourrai avant?
- Non, Dieu vous permettra d'accomplir ce voyage qui vous tient tant au coeur...
3 mois plus tard, le facteur me remet une carte postale en provenance de Verdun, avec ces mots desssus :
- Je suis venue fleurir la tombe de Jean, vos renseignements étaient exacts. Merci. Hélène C.
Mais c'est en prédictions mondiales et en criminologie, que Manteïa est le plus fort. Nul n'est prophète en son pays : sa réputation est établie aux Etats-Unis et en Allemagne, alors qu'en France, sorti du Sud-Ouest, il est à peine connu.
Manteïa propose de régler le problème une fois pour toute. Il lance un défi à tous les devins, mages et voyantes du territoire. Il suggère de réunir à l'Olympia par exemple un colloque de tous les extra-lucides professionnels, qui constituerait un banc d'essai de la voyance, un examen d'occultisme.
On afficherait au mur 3 portraits : Nixon, le pape et Brigitte Bardot (BB). Le voyant devra remettre à un huissier une enveloppe répondant aux 3 questions suivantes : Nixon sera-t-il réélu ? Le pape abdiquera-t-il ou mourra avant la fin de son règne ? BB se remariera-t-elle dans les 2 ans ? 3 réponses fausses écarterait les charlatans. 2 fausses les tocards. 1 fausse permettrait un repêchage, et tout juste sacreraient les voyants garantis.
Manteïa n'est ni humble ni modeste, pas vaniteux vu qu'il dit qu'il s'étonne lui-même. Il lui arrive de devoir se mordre la main quand se réalise une prédiction particulièrement culottée, afin de se persuader qu'il existe, qu'il est bien en chair, qu'il n'évolue pas parmis les extoplasmes, qu'il ne rêve pas... Ses clients aussi...
Page 247.
Le voyant Dieudonné, interrogé pendant l'émission "Les dossiers de l'écran" qui suivait la diffusion du film Hanussen, le voyant d'Hitler, affirma qu'à sa connaissance "aucun voyant n'a prédit la mort de De Gaulle".
Il se trompait. Celui qui l'avait prédit avec le plus de précision, de certitudes et publiquement, c'est Manteïa. Le voyant palois avait beaucoup de respect et d'admiration pour le général. Le 14 octobre 1967, Manteïa qui regardait une photographie de De Gaulle fut frappé par un cliché psycho-pictographique (image irréelle/imaginaire se superposant/en surimpression sur l'image réelle). Dans le cadre, ce n'est plus la tête de De Gaulle mais une scène d'enterrement : un cortège funèbre. En chiffres d'or une date flamboyait au milieu de la nouvelle photo : 1970. La vision dura 30 à 40 secondes. Dans ses prédictions de fin d'année parues dans la nouvelle république de Tarbes, en 1967, Manteïa annonça textuellement pour 1968 :
"M. Pompidou succèdera à De Gaulle qui laisse le pouvoir pour raison de santé. Il vivra pourtant jusqu'à 80 ans en 1970".
Page 268
Prévoir un séisme dans les pyrénées (et plus particulièrement dans une localité ignorée du monde) est l'exploit réalisé par Manteïa qui mérite bien le titre de "roi de la prévision".
Note AM : à l'époque, il n'y avait pratiquement pas de séismes en France. En 2016, prévoir un séisme en France n'est plus un exploit...
Voici le récit que Manteïa, qui avait déjà prédit la catastrophe d'Agadir, a donné de cette prédiction contrôlée par Maître Crayssac, huissier de justice à Tarbes.
Ce matin-là, le 2 aout 1967, j'étais en forme et d'humeur joyeuse. Je regardais les pyrénées au loin. Les journalistes me surprirent effectuant ma gymnastique matinale et m'invitèrent à faire des prédictions sur l'avenir des Pyrénées. J'acceptais mais leur réclamais une carte départementale Michelin. Je posais les mains dessus, et me mis en état de voyance, devant plusieurs personnes intéressées. Après quelques secondes de concentration, je fut saisi d'un tremblement nerveux. Des images m'apparurent : des murs se lézardant, des maisons s'écroulant, des craquements sinistres et terrifiants, des cris, des appels, la nuit. Cette vision, si semblable à celle que j'avais eu pour Agadir, ne me laissa aucun doute.
- C'est un tremblement de terre, affirmais-je à mon entourage. Il affectera la région des Basses-Pyrénées, plus particulièrement le village d'Arette. Une victime, peut-être 2. Le village devra être entièrement reconstruit.
La plupart de mes auditeurs s'esclaffèrent. Les journalistes doutèrent de ma prédiction et n'acceptèrent de l'insérer dans la presse qu'après maintes tergiversations.
11 jours après, le séisme eu lieu. Les détails donnés par la radio concordaient en tous points avec ceux que j'avais donnés.
Note AM : ce séisme d'Arette est le plus fort enregistré en France depuis celui du 11 juin 1909 à Lambesc (Bouches-du-Rhône). 60 ans sans séismes importants en France, pas étonnant que la prédiction ai surpris tous les journalistes présents. Détruit à 35%, le village d'Arette a dû être rasé à 80% pour faire tomber les dernières maisons debout qui menaçaient ruine. Sa reconstruction s’achèvera en 1974, 7 ans après. 1 seule victime (une octogénaire sourde qui n'a pas été réveillée par la première secousse annonciatrice), mais les témoins de l'époque sont tous étonnés du faible nombre de morts au vu des dégâts : Beaucoup de personnes étaient allées au bal du village voisin, et ceux qui restaient sur place prenaient le frais dehors.
Pour l'apocalypse Manteïa donnait une date possible en 1982, provoquée par l'armement thermo-nuclaire, année de boulversements terrestre et d'ébranlement sidéral.
Note AM : Evidemment, toute les prophéties de cataclysme ne sont pas forcément tenues, ce n'était qu'une des probabilités lorsqu'il donna cette prophéties en 1971, qui pouvait être évitée si l'homme fait ce qu'il faut pour l'éviter. A noter que ça correspond à peu près à la date d'apparition de Nibiru dans les télescopes de la NASA, avant le démenti officiel et l'occultation de la vérité.
Comme Nostradamus, Manteïa a mis ses prédictions en quatrain.
Note AM : s'il donne l'évènement et la date, il sera aisé ensuite de détourner le cours de l'histoire, d'où l'intérêt de ne donner une forme qui ne peut être reconnue qu'après le passage de l'évènement. Il faut aussi savoir que les dates ne sont jamais fixées concernant l'apocalypse, car on laisse du temps à l'homme, même si ces prophéties finiront quand même par se produire.
"Dieu créera la flamme qui du firmament,
Viendra brûler, détruire, en cette fin des temps,
Et purifier la terre et tous ses éléments.
Nouveau naîtra le monde purifié de Satan".
Page 321.
Manteïa retrouve les meurtriers.
En octobre 1970, un garde chasse est tué d'un coup de fusil dans les bois, près de Pau. Après 3 jours d'enquête, la police vasouille (ne trouve rien). Aucune piste, pas de mobile, aucun témoin, pas de suspect. Seules 2 empreintes de pas sur les lieux du crime. La famille demande à Manteïa de résoudre l'affaire.
Le voyant se met à genoux et pose ses 2 mains dans les empreintes de semelles. Il sent un frémissement lui parcourir le bras. Et la vision éclate. Devant les policiers ébahis, il dit :
- Je vois le meurtrier. C'est un homme de 51 ans, coiffé d'un béret, il travaille dans la mécanique, il habite exactement à 4,5 kms d'ici. Ah! Il tousse...
Ce n'est pas la première que Manteïa aide la police. On l'écoute. On trace sur une carte un cercle de 4.5 kms de rayon. A 4 650 m, un village. Un homme correspond au signalement, un garagiste. Quand les policiers vont le voir, il a la grippe et tousse fortement... Interrogé (au bluff, les policiers n'ayant aucune charge contre lui), il avoue tout de suite. C'est un accident de chasse, il a pris peur et s'est tu.
Page 325.
En octobre 1964, les journalistes locaux lui demandent les prédictions pour 1965. Dans le domaine artistique, il voit une jeune fille brune, menue, dont la voix ressemblera à celle d'Edith Piaf. Elle viendra du midi et son prénom commence par la lettre M. Il décrit ainsi celle qui deviendra connue dans le monde entier, j'ai nommé Mireille Mathieu. En novembre 1965, monté d'Avignon à Paris, Mireille Mathieu chantait pour la première fois à Télé Dimanche.