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Nature Humaine (amocalypse)
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Première version: 2014-10-27
Dernière version: 2018-08-14

Pyrale du buis

Sommaire de la page


Préambule

Rappel des avertissements préalables sur les sources des infos de cette partie.

Ce papillon chinois importé vers 2008 en France est en train de tuer tous les buis du pays, bien aidé par le réchauffement climatique lui permettant de faire 4 générations très voraces par an. Une fois les buis décimé, il s'attaque aux autres végétaux.

Cycle de vie

La pyrale du buis est un lépidoptère polyvoltin qui peut avoir entre 2 et 4 générations annuelles.

Les papillons femelles dont la durée de vie est d'environ 15 jours, pondent leurs oeufs sur les feuilles de buis. L'évolution larvaire est rapide jusqu'à la dernière génération automnale où les jeunes chenilles s'enferment entre 2 feuilles en tissant une logette en soies (figure 2). Elles se mettent en diapause jusqu'aux premières chaleurs du printemps où elles reprendront leur activité.

La pyrale du buis peut se reproduire quasiment toute l’année tant que la température le lui permet. Son activité ne cesse que par temps vraiment froid. Le cycle d’œufs à œufs est de 2 mois. La pyrale du buis a un cycle non stop tout l’année avec tout de même un gros ralentissement de novembre à mars.

Ne croyez pas que ce gentil papillon va disparaître avec l’hiver, ce serait trop simple.

Avec l’arrivée des froids de l’hiver, le rythme se calme. Une bonne partie des chenilles du stade 3 et 4 vont mourir. Les plus jeunes chenilles vont se tisser un joli cocon pour passer l’hiver et reprendre en mars-avril alors que les chrysalides vont attendre tranquillement le mois de mars pour éclore.

Les oeufs

Dès l'émergence des adultes et l'accouplement, la femelle dépose ses oeufs sous forme de petits paquets d'oeufs (200 à 300 par paquet). La femelle qui a une durée de vie d'environ 15 jours, pond à plusieurs reprises (jusqu'à 1200 oeufs). La ponte est d'aspect translucide, généralement sur la face inférieure de la feuille (ce qui leur confère protection et discrétion vis à vis des intempéries et prédateurs en tous genres). Elle est difficile à repérer au premier abord.

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Lors de l'attaque de l'année d'après, quand les jeunes pousses du buis ressortent du tronc, les papillons vont pondre dans le bourgeon terminal. L'oeuf est encore plus planqué, difficile de voir la chenille avant qu'elle ai tout mangé, et de la retirer sans détruire ce bourgeon.

Les jeunes chenilles vont se former et quelques jours plus tard, on pourra observer les têtes noires des chenilles au travers du chorion des oeufs.

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A partir du moment où la tâche noire de la tête apparaît la chenille est prête.

Entre la ponte et l'éclosion il peut ne s'écouler que 48h (en cas de temps très chaud)

Les chenilles

Dès leur éclosion, les jeunes chenilles vont se nourrir avec leurs mandibules à la surface de la cuticule et de l'épiderme supérieur de préférence ou inférieur des feuilles de buis (figure 1). Ces dernières ainsi "grignotées" vont très vite se dessécher et blanchir. Les chenilles plus âgées attaqueront l'ensemble de la feuille pour se nourrir (figure 2). C'est ainsi que les buis prennent une apparence de dentelles.

Les chenilles passeront par 5 stades larvaires : de quelques mm de longueur à 3,6 cm au dernier stade.

Les chenilles vont muer 4 fois durant leur vie afin de grossir. A chaque stade elles deviennent plus voraces et ont besoin de beaucoup plus de nourriture. Vous pouvez facilement reconnaître une chenille qui vient de muer (changer de stade) car elle a une grosse tête part rapport à son corps.

Au 1er stade, la chenille de pyrale du buis mesure 3 mm et est à peine visible. Elle se contente alors de ronger la cuticule du dessous des feuilles de buis tout en restant bien camouflée. Le début des attaques se fait souvent à l’intérieur du feuillage du buis, ce qui la rend très difficilement décelable. Après la première mue, au deuxième stade, les chenilles rongent le dessus et le dessous des feuilles plus coriace. C’est à ce stade-là que l’on commence à voir plein de fils dans les buis. Ce sont des fils de soie que les chenilles tissent pour se protéger et circuler entre les branches. Les chenilles sont capables d’avancer ou de reculer très rapidement à la moindre alerte. C’est également à ce moment-là que les buis commencent a avoir un aspect de « grillé ». Les feuilles étant rongées des deux côtés, elles sèchent.

Au troisième stade, les mandibules ont bien grossit et les chenilles sont capables de dévorer les feuilles entières en les attaquant par le côté. Les buis commencent alors réellement à se déplumer et ne peuvent plus faire de photosynthèse. Les plantes s’affaiblissent. Au quatrième stade, le plus destructeur, les chenilles de pyrale du buis mangent tout ce qu’il y a de vert sur le buis, même les jeunes tiges et quand il n’y a plus de vert, elles s’attaquent à l’écorce laissant par là même une entrée facile pour les maladies et champignons qui finiront de détruire la plante.

Comme si cela ne suffisait pas cette chenille semble dédaignée par les oiseaux insectivores, et notamment par les très efficientes mésanges. Connu pour ses vertus médicinales le buis contient en effet des alcaloïdes (buxine, entre autres ! ), lesquels deviennent toxiques au-delà d'un certain seuil, et notre chenille pourrait fort bien les concentrer et s'en imprégner au point de devenir elle-même plus ou moins toxique. Vous noterez que cette forme de "transfert" n'est pas rare chez les chenilles, et que les espèces concernées arborent souvent des couleurs très voyantes (dites "aposématiques"), sorte de mise en garde à l'intention des prédateurs.

Cette chenille n'est pas urticante, mais pour les écraser prendre des gants à cause de la concentration en alcaloïdes du buis.

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Chenille à son 5 ème stade final.

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Les crottes de chenilles sont vertes et toxiques. La feuille est peu dégradée, d'où surement la grande quantité qu'elles doivent avaler.

Quand on tape sur les buis infestés avec un bâton, leur stratégie de défense est de sauter, retenue par un long filet de soie. Elles se retrouvent alors au sol et sont plus faciles à détruire.

Tous les stades larvaires peuvent encore s'observer et cohabiter en automne, ce qui témoigne à l'évidence du chevauchement des générations.

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A l'automne, les jeunes chenilles de dernière génération vont tisser une petite loge entre deux feuilles de buis et passeront ainsi l'hiver en arrêt de développement. Dès les premières chaleurs, au printemps, elles reprendront leur activité et termineront leur cycle.

La mauvaise saison se faisant sentir, les plus jeunes chenilles ont déjà tissé leurs "hibernariums", et elles vont y passer l'hiver, en l'attente de se réactiver au printemps, le plus souvent courant Mars. Cette forme d'hivernage correspond à la norme.

Les chenilles âgées, s'il y a, vont quant à elles se chrysalider au sein du feuillage et tenter de passer l'hiver ainsi, s'il est clément, avec éclosions de Mai à Juin suivant régions. Par contre je ne saurais dire ce qu'il advient des chenilles "intermédiaires", à savoir trop avancées pour hiverner, et pas assez pour se chrysalider. Sous réserve de pouvoir le vérifier, je pense qu'une partie trouve peut-être refuge dans le feuillage ou la litière sous-jacente, mais que la majorité finit par succomber.

Les nymphes

Les chenilles, arrivées à maturité 1 mois après éclosion, tissent un cocon de soie afin de se nymphoser, puis commence la formation de la chrysalide. Le cocon est fait sur le buis même de naissance, même s'il n'en reste plus grand chose, mais il peut arriver que la chenille se déplace.

La chrysalide est verte au début pour devenir beige-marron arrivée à maturité.

De la chrysalide, très vite formée, émergera un papillon en 3 semaines, voir quelques jours en été. Seules les chrysalides d'automne attendront tout l'hiver avant de sortir.

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Logette de nymphe.

Les papillons

Le papillon ressemble beaucoup à la piéride du choux. Il tient ses ailes à plat quand il est au repos et les redresse lorsqu’il est en activité ou dérangé.

L’adulte se présente sous forme d’un papillon nocturne de forme triangulaire, couleur blanc argenté bordé de noir, d’environ 30 à 40 mm d’envergure.

Les papillons peuvent avoir deux types de coloration : la forme bicolore avec des ailes blanc nacré entourées d'une bande brun clair et une forme mélanique de couleur entièrement brune. Les deux formes présentent néanmoins chacune une tache en forme de demi-lune sur l'avant de l'aile antérieure.

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C'est normalement un papillon de nuit, mais avec la surpopulation on les voit voler de jour.

La grande majorité des espèces de papillons nocturnes que nous avons chez nous ne se nourrissent pas à l’état adulte pour la bonne raison qu’ils n’ont pas de trompe , ou juste une trompe atrophiée. Ce détail est très important, cela veut dire qu’ils ont une durée de vie limitée et donc un temps de ponte très limité également.

Non contente de nuire "à répétitions", via ses multiples générations, la bestiole est en outre dotée d'une trompe spiralée (d'où le nom de "spiritrompe" ! ) très développée, atteignant la longueur du corps. L'avantage est assurément indéniable, les espèces contraintes de vivre sur leurs réserves ne faisant pas de vieux os. Il convient toutefois de relativiser, car cette faculté peut se muer en régulateur, par exemple quand les plantes nectarifères se raréfient du fait de la saison ou d'une météo défavorable, voire calamiteuse. Mais gloablement il dispose de beaucoup plus de temps pour pondre et faire de nombreuses pontes d’où une prolifération exubérante.

Le mâle se reconnaît à son plumeau en bout de queue.

Confusions possibles

Définir la présence de la pyrale du buis seulement par l'observation des dégâts sur feuillage peut constituer un risque de confusion avec d' autres agents pathogènes.

De plus près, l'observation du feuillage permet de constater le broutage des feuilles dans le cas de la pyrale du buis.

L'observation des oeufs, des chenilles ou des papillons permet de déterminer de façon certaine la pyrale du buis.

Stratégie de défense du buis

En cas d'effeuillage total, le buis va rester un an sans feuilles, les branches meurent. L'année d'après, il refait des feuilles fin mai en partant du tronc. Si les chenilles sont toujours là (et c'est malheureusement le cas) elles vont finir de tuer le buis.

Combattre manuellement l'infestation

Le papillon est très rapide, et difficile à écraser à la main.

Lors des pontes, les oeufs se voient bien en faisant feuille par feuille. En frottant avec le gras du pouce, on arrive à déloger les oeufs.

Dans un premier temps, contrôlez régulièrement vos buis de début mars à la fin octobre. Sur les végétaux très feuillus, vérifiez impérativement l’intérieur de la plante. Ecrasez les cocons de la Pyrale, et au printemps, éliminez manuellement les parasites en utilisant une pince, munissez-vous de gants. Taillez et brûlez les parties infestées du végétal.

Placez une bâche au pied de vos buis et secouez ou frappez les arbustes. Sensibles aux vibrations, les chenilles chuteront des feuilles sur la bâche.

Passez le feuillage au jet d’eau, suffisamment puissant pour décoller les chrysalides, endommager les nids et toiles et déloger les chenilles.

Protéger les buis sains par un filet fin empêchant les papillons de passer, ou au contraire un buis infesté pour protéger les autres.

Piégeage

Il existe plusieurs techniques empiriques de piégeage grâce à des bassines d’eau additionnée de savon liquide et éclairées, ou des néons positionnés à l’entrée de pièges ou de sacs. Bien qu’efficaces, ces techniques présentent l’inconvénient majeur de ne pas être spécifiques de la Pyrale et de piéger l’ensemble des papillons de nuit, attirés par la lumière.

Des néons ultra-violet (UV-A) attirent les papillons, il suffit de mettre devant une grille tueuse (soit trop chaude, soit sous haute tension ? l'article ne le précise pas). 25 kg de pyrale en 10 jours, l'équivalent de milliers de papillons.

Sous une lumière allumée attirant les papillons, mettre une bassine remplie d'eau savonneuse (le savon détruit la tension de surface, la pyrale qui boit dans les rivières sans problème va s'appuyer sur la surface de l'eau sans méfiance et couler).

Les tubes UV émettent des ondes dont la longueur est comprise entre 340 et 370 nm (nm = nanomètre soit 1 x 10-9 m) il s’agit donc UVA ou de lumière noire. Le spectre de la lumière visible pour l’homme se situant dans des longueurs d’onde allant de 400 et 700 nm, le spectre des U.V. est invisible pour l’homme.

La grille électrifiée est parcourue par un courant sous très forte tension de 3000 volts à plus de 5000 volts avec une très faible intensité 9 à 12 mA. Cette grille permet en général d’assurer une électrocution quasi instantanée de l’insecte, et elle présente peu de danger pour l'homme compte tenu de la très faible intensité du courant.

Combattre chimiquement

Malheureusement, la pyrale du buis n’a aucun prédateur naturel. Le seul traitement contre la pyrale du buis efficace reste l’insecticide.

Le traitement chimique est à proscrire. Il est peu efficace car il nécessite un contact direct du produit avec la chenille (insecticide de contact) or, beaucoup ne seront pas atteintes. De plus, il est dangereux pour la santé des utilisateurs et des personnes qui pourront fréquenter le jardin, notamment les enfants. Enfin, les traitements chimiques ayant une forte rémanence, ils ont des conséquences à long terme sur l’installation durable des auxiliaires (les animaux qui se nourrissent de papillons et de chenilles) et empêchent ainsi leur action de régulateurs naturels des populations de Pyrale du buis. Souvent peu, voire pas sélectifs, ils peuvent aussi faire chuter les populations d’autres papillons, ou d’autres insectes pourtant importants dans l’équilibre des écosystèmes.

Privilégiez alors un insecticide soit à base de Bacillus thuringiensis (BTk). Théoriquement il s'agit d'une guêpe pondant dans les larves et s'en nourrissant, mais qui peut détruire ensuite d'autres papillons pollinisateurs...

La lutte naturelle par les auxiliaires

En favorisant la nidification des prédateurs potentiels naturellement présents en France (Mésanges, Moineaux domestiques, Chauves-souris...), on pourrait limiter l’explosion des populations de Pyrale du buis à chacun de ses cycles de reproduction.

Des essais pour lutter contre la processionnaire du pin ont montré que l’installation d’une vingtaine de nichoirs à mésanges par hectare permettait de réduire le risque d’urtication causé par cette espèce sans avoir à intervenir par lutte mécanique ou micro-biologique (Bacillus Thuringiensis).

En savoir plus...

http://www.conseils-coaching-jardinage.fr/2015/09/pyrale-du-buis/

http://ephytia.inra.fr/fr/C/21256/Agiir-Les-oeufs-la-ponte

https://www.insectes-net.fr/pyrale/pyrale2bis.htm

à suivre...


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