Nature Humaine (amocalypse)
Méhari>Aventures>Vécu>Ma Mouclade infernale
Première version: 2006-09-02
Dernière version: 2007-02-15
Sommaire de la page
La Mouclade en elle-même s'est très passée (voir le résumé de la concentre)
Le retour pour Fleur et moi s'est plutôt transformé
en "la Mouclade infernale" pour reprendre l'expression de
Loïc (voir sa Route d'Or 2005
infernale).
En effet, j'ai eu la bonne idée de racheter une
épave de Dyane et de rallier avec Gruissan à Figeac (plus de 300
kms dans les montagnes noires et le massif central...).
Présentation
de cette Dyane :
3 gros points :
Dyane maquillée extérieurement au Ripolin ou peinture de bâtiment passée au rouleau à peinture, et peinture noire qui déborde sur les caoutchouc
Dessous, elle a été plongée dans le blackson, avec retravaille à la spatule pour faire croire qu'il y avait encore de la tôle dessous.
Réparations de fortune faits par un "garagiste" peu scrupuleux.
Mais voyons en détail
tous ces points :
De l'arrière, elle présente pas mal au début
:
Mais de l'avant, les choses se gatent...
Il y a un énorme trou dans le plancher du coffre, découpé à la cisaille par le "garagiste" qui ne s'est aperçu qu'après que le réservoir se tombait de par dessous en dévissant les 4 vis...
Toujours le même
garagiste, qui a arraché au sens propre du mot la fixation de capot,
sans doute il croyait que ça tenait tout seul. Pour finir d'arracher
il a été obligé de détruire la calandre.
La calandre et la
fixation de capot ont été avantageusement remplacée par des
attaches rallyes en gros caoutchouc, qui maintiennent en même temps
l'aile gauche et le phare qui se cassent la gueule suite à un
accrochage. Après tout pourquoi pas...
Le garagiste leur a facturé 30 euros la réparation du pot sous caisse avec du serflex et une tôle. Par contre il n'est pas arrivé a leur réparer le col de cygne, à qui il manque du coup 1 cm pour rejoindre ce pot sous caisse (sur la photo à gauche)! Pratique, le pot sous caisse ne recevant plus de gaz d'échappements, la réparation de fortune ne risque pas de lâcher!
Le garagiste toujours à retrouvé un clignotant droit qui ressemblait à peu prés, il a juste dû utiliser du scotch pour le fixer...
De même que les enjoliveurs de phares, qui eux n'ont pas tenus avec le scotch, mais entre temps on avait découvert mieux : la vis!
Tiens, un tube en carton, ça doit peut-être se mettre là?
Mais zut, qu'est-ce que je pourrais bien mettre ici du coup?
Une roue de secours posée sur le capot, élégamment protégée par de la toile cirée de nappe avec les petites fleurs, peinte à la gouache noire pour faire plus baroudeur, maintenue par une grosse tige qui passe à travers le capot via un trou agrandi à la scie. Le capot a été "formé" pour faire un logement à cette roue de secours additionnelle. Admirez l'empreinte du boulon central qui à déformé le capot vers le haut...
Résultat,
un profil de capot plus trop conforme à l'origine!
On peut voir les stigmates d'une précédente tentative de fixer la roue de secours sur le coffre, mais l'idée à été abandonnée, ça doit être trop lourd...
On a eu du mal à expliquer la présence de mastic armé sur la pédale d'accélérateur. Puis on s'est rappelé que le gars était chasseur et conduisait en bottes...
Malgré les réparations de capote au mastic sanitaire blanc, ainsi que de l'aspersion d'une épaisse couche de blackson (flèche rouge indiquant l'épaisseur dans laquelle est noyée la vis de maintien, remplaçant le bouton pression d'origine), elle n'a plus rien d'étanche...
Les inévitables démontages de portière, vous vous doutez qu'au vu de ce qui précède le gars qui a fait ça l'a fait soigneusement...
Une peinture blanche de bâtiment passée au rouleau, avec débordements esthétiques sur les vitres, les pneus, etc.
La peinture beige qui l'a vue naître réapparait par endroits, de même que la rouille! Le pneu est agrémenté de flammes blanches...
Avec un beau travers de la bande noire centrale.
Les caoutchoucs passés à la peinture, c'est vrai que c'est plus joli de loin. De près ...
Admirez ces merveilleuses stalactites au bas des portières.
Mêmes les bavettes n'ont pas échappées à ce combat du blanc sur le noir. C'est fantasmagorique!
Et toujours il faut adoucir les transitions, les mélanger afin de mieux les rendre le plus progressives possibles : ici voyez comme le blanc de la jante laisse progressivement apparaitre le noir du pneu.
Au niveau des glaces de custode, on s'essaye aux zébrures, la nuance est plus tranchée, c'est soit l'un soit l'autre.
Nous attaquons
maintenant notre série sur ce merveilleux produit qu'est le blackson
et sur le corolaire qu'il entraine, la rouille (quoique, qui est
apparu en premier, le balckson ou la rouille?). Le précédent
propriétaire ayant dû récupérer un pot industriel de blackson
en cours de péremption, on retrouve une couche de 3mm éclatée sous
les planchers, et surtout une maniaquerie qui l'a conduit à tout
passer au blackson, depuis l'échappement en sortie de culasse, le
pot sous boite, etc. Le blackson à même permis l'isolation de la
capote, qui en est entièrement recouverte et qui donne ce bel aspect
craquelé...
Et oui, le blackson ça tient pas aux hautes températures, peut-être l'odeur venait de là?
Et pourtant, le blackson n'a pas évité à la capote de prendre l'eau!
Plancher avant gauche, c'est la blackson qui est porteur.
A cause du trou dans le pot de suspension ce côté ne veut plus bouger.
La couche de blackson est épaisse et solide, on peut lui faire confiance.
Enfin, pour finir, le réglage du siège est
excellent, il suffit de pousser sur les jambes pour s'éloigner très
loin du siège, jusqu'à sortir des glissières si les (pourtant
faibles) freinages ne le ramenaient pas sur l'avant...
Les
freins ne freinent pas, il faut pomper puis appuyer comme un malade
pour commencer à décélérer... D'ailleurs ça ne pose pas de
problème avec une vitesse de pointe de 40 km/h, juste avant de
partir je m'apercevrais qu'un cable HT de bobine n'était pas
branché (du coup plus qu'un cylindre sur 2 qui marche...), ce qui me permettra ensuite d'aller taquiner le 60
km/h.
Bref, voilà l'engin avec lequel nous nous élançâmes
inconsciemment. Comme nous n'avions pas du tout prévu de ramener
autre chose que la charleston, l'outillage de base se résume aux
clefs plates banales...
Question contrainte de temps, la Dyane
n'est plus assurée dès lundi, il faut absolument qu'elle puisse me
ramener chez moi où de toute façon j'embauche à 7 h.
Une
fois dedans j'ai commencé à dégriser du granache pris avec les
moules sur la plage. L'insensé du voyage commence à prendre tout
son sens, alors qu'on n'a même pas démarré. Mais il est trop tard
pour reculer. J'y distingue mal à travers toute la crasse saline
accumulée depuis 2 ans d'arrêt.
Départ de Gruissan à 19h, la
dyane qui n'a pratiquement pas bougée depuis 2 ans tremble de
partout, le pot d'échappement libre attire sur moi et mon CT périmé
l'attention des forces de l'ordre. Très bientôt c'est l'embrayage
qui hurle à la mort, dépassant en décibel les pétarades du pot
sous boite. Même Fleur dans sa Charlie bien isolée phoniquement
derrière n'entends plus son propre moteur... Les bonnes odeurs de CO
envahissent l'habitacle, et ce malgré les petites fenêtres
entrouvertes à fond. Impossible de dépasser 65, le 70 est quand
même atteint au fond d'une descente effrénée. Un arrêt permettra
de se rendre compte de la raison : le moyeu arrière droit est
brulant, le frein est bloqué, et l'embrayage qui patine ne peut
pousser titine plus vite que la résistance de l'air!
Gros
moment de solitude, il est 19h30, nous n'avons parcourus que 3 kms,
il reste 12 kms avant Narbonne, on a fait la route la plus belle, il
nous reste une route pourrie de 300 kms derrière...
Une
canette de bière en verre par terre nous sortira d'affaire
concernant le frein arrière qui se bloque. Après avoir tapé sur le
tambour et le répartiteur arrière un petit moment, les garnitures
ont dues revenir suffisamment pour ne plus trop frotter. L'usure fera
le reste. Par contre, à partir de ce moment, il me sera interdit de
toucher à la pédale de frein sous peine de devoir laisser titine
bloquée au bord de la route. Il n'y a qu'un feu au milieu de
Carcassonne qui m'obligera à piler puis à retaper gentiment le
frein arrière (traverser Carca sans freiner avec tous les feux
rouges, c'est du sport!).
Donc après avoir fait quelques
vérifications et éliminations (roue de secours sur capot qui
empêche d'avancer avec le vent de face), la voiture ne marche guère
mieux mais au moins les vibrations de suspensions s'atténuent, des
éléments de suspension commencent doucement à se débloquer.
Enfin, pas trop, parce qu'elle continue à virer à plat !
J'avais
un peu peur des bouchons, car à la radio ils annonçaient un dernier
week-end d'aout rouge de chez rouge, en plus on est sur la route
principale (à part l'autoroute) reliant Toulouse au reste du monde.
Mais finalement je n'ai pas rencontré de bouchons devant. Ah si,
j'en voit un beau, mais c'est que je regarde dans le rétro ! Je
me gare régulièrement pour laisser passer. Je dois rouler à 60
km/h maxi, 50 km/h sur le plat.
Bref, le moral revient, on
envisage la possibilité que la Dyane puisse finalement arriver à la
maison, même s'il est déjà 21h et que nous n'avons pas encore
atteint Carcassonne. Nous nous arrêtons prendre de l'essence. Les 2
réservoirs de la charleston et de la Dyane sont à secs.
Pour la
Dyane, le plein n'est qu'une formalité, il est 18h58, mais pour la
Charlie, nos deux cartes bancaires resteront définitivement
muettes... Le lendemain je changerai de banque, la SG m'ayant fait le
coup 4 fois cette année de tomber en rade à 19 h le dimanche
soir.
On décide de continuer sur la prochaine station, ça
fait longtemps que la Charlie est dans le rouge. Et bien non, pour
toutes les autres stations ce sera le même refus catégorique de nos
cartes banquaires. Nous voici au pied de la montagne noire, avec une
Charlie qui n'a plus beaucoup de réserves et qui peut nous lâcher à
tout moment.
Résistants à une légitime envie de panique (!),
nous faisons demi tour vers Carcassonne pour essayer de rejoindre
l'autoroute.
Au moment de rentrer sur l'autoroute (sur la bretelle
d'accès), je m'arrête pour essayer de siphonner quelques litres de
la Dyane vers la charleston que je n'ai pas envie de voir tomber en
panne de nuit dans une montée où il n'y a pas de bande d'arrêt
d'urgence... (on est suffisamment dans la merde sans en
rajouter).
C'est là que je m'aperçois que je n'ai plus que 5
euros en liquide (j'aurais pu m'en assurer avant me direz vous, mais
à 23h30 avec une saine fatigue dans la tête c'est des choses
qui arrivent!), faut que la carte marche à la station de
l'autoroute...
La tension monte encore d'un cran si c'est
possible, on approche du point critique : l'embrayage râle
de plus en plus, le frein peut se bloquer à tout moment, les phares
n'éclairent rien, ce qui est pas top pour gérer les virages et les
stop sans appuyer sur le frein, uniquement en s'aidant du frein
moteur qui se fait de plus en plus inexistant au fur et à mesure de
l'usure de l'embrayage...
Il ne nous reste pas de quoi faire le
voyage pour une seule des deuches, l'essence est donc précieuse, et
c'est à la lumière tremblotante de la petite lampe de poche qu'on
s'aperçoit que l'essence coule à flot de la durit d'essence de la
Dyane, juste sous la pompe (l'endroit le plus inaccessible d'une
deuche...) qui a choisi ce moment crucial pour rendre l'âme, n'ayant
jamais connue le sans plomb précédemment.
Et pourtant nous
ne cédons pas encore à la panique, on continue à y croire (c'est
là qu'être à 2 est primordial, on espère toujours que l'autre
aura l'idée brillante qui nous tirera du mauvais pas!) et il nous
reste encore une solution, on enlève la durit en bouchant tant bien
que mal la coulée d'essence (chaque essai se traduit par un demi
litre par terre...), le mal est vite identifiée, la durite est toute
poreuse, mais particulièrement aux 2 extrémités. Décision est
prise de les couper, Fleur avec ses petits doigts parvient à
emmancher le début du tuyau sur la pompe, mais ce n'est pas
suffisant. En plus la canalisation d'huile à la bonne idée de se
trouver juste en dessous de la sortie de la pompe. Après 3 quarts
d'heures d'efforts et de découragement progressifs, des avant bras
bousillés et puants l'essence, on n'a pas pu l'enfoncer plus, et on
s'aperçoit que de toute façon le peu d'enfoncement à suffit à la
refendiller... On recoupe plusieurs fois jusqu'à ce qu'il ne soit
plus possible de relier les 2, il manque un cm pour joindre les 2
bouts de notre assemblage de canalisations d'essence rouillées...
On
est donc là, sur le bord d'une voie d'accès d'autoroute, à la
lumière d'une pauvre lampe, sans aucune durit de rechange, et à
minuit en rase campagne pas de garagiste où quoi que ce soit. Et il
faut pourtant que nous arrivions avant demain matin, sans quoi la
pauvre dyane finira là où elle a échouée...
Pour couronner le
tout, les étoiles disparaissent derrière de gros nuages
menaçants.
On y est là, un grand moment de solitude...
Mais
comme toujours à la fin du film, tout se finit bien, rassurez
vous!
Vomito appelle alors à ce moment là, suite à l'appel de
Fleur un peu plus tôt. Muni de l'APUA help du forum de la deuche, il
nous donne le téléphone de Daniel Stricker. Malgré l'heure
tardive, nous appelons quand même, c'est notre dernière bouée de
sauvetage. Celui ci se montre très gentil malgré le réveil
téléphonique à 1h du mat alors que la mère de sa femme est au
plus mal (encore désolé Daniel...), et nous propose de se retrouver
à la station d'essence de son village. Quelques litres siphonnés
permettent à la charly de parcourir les 10 kms (après une marche
arrière folklorique sur la rampe d'accès à l'autoroute), même si
un instant de panique nous envahit à nouveau quand nous nous
retrouvons incapables de retrouver la station, le chemin n'étant pas
le même à l'aller et au retour. Enfin nous y arrivons, et quel ne
fut pas notre soulagement de voir la silhouette familière de Daniel
qui nous fait des signes de la main. Très vite il nous dépanne
d'une durit neuve, nous remplit le réservoir de la deuche plus un
bidon de réserve de 10 l, et nous invite même à dormir chez lui
pour la nuit. La tension nerveuse a été telle qu'une telle
proposition est bien tentante, mais il nous faut rentrer à tout
prix. Nous quittons Daniel trop rapidement sans trop pouvoir lui
exprimer toute notre gratitude! Merci encore Daniel d'avoir répondu
présent dans la nuit, tu nous a vraiment tiré d'un mauvais
pas!
Une fois la durit neuve en main, tout va très vite. Une
durite neuve ça s'enfonce comme dans du beurre dans l'entrée d'une
pompe à essence. Tout de suite on n'a plus peur qu'au bout de 5 km
la durit ne s'autodétruise d'elle même en foutant le feu à la
voiture.
Il est 1 h30 du matin, nous repartons, toujours la Dyane
devant. Les vapeurs d'échappement, la fatigue commencent à se faire
sentir. A 40 ou 50 km/h, les kilomètres s'engrènent lentement, très
lentement. Il est 4 h du matin quand la pluie s'abat sur les titines.
Une des dernières fantaisie de la Dyane se manifeste : il n'y a plus
de caoutchouc sur les balais d'essuie-glace, et une fois lancés
ceux-ci ne veulent plus s'arrêter. Je vous laisse imaginer une
conduite sans frein, sans frein moteur (embrayage mort), en devant
couper le moteur thermique pour faire arrêter ces satanés
essuie-glaces. La dernière descente (celle des films où on sabote
les freins du héros, avec pleins de virages en épingles) sera
fatale à l'embrayage, et le frein à main qui n'était que
symbolique au début du voyage se montre un peu juste pour ralentir
suffisamment dans les virages en épingle sous la pluie avec un gros
camions qui resserre encore plus le virage...
Mais c'est passé
finalement passé comme tous les virages de cette nuit, plus que
limites, sans compter les nombreux demi-tours pour cause de stop
manqués à cause des mauvais phares ou de ralentissement insuffisant
pour prendre la bonne direction.
Heureusement, pendant tout le
trajet la 2cv de Fleur m'apportera un grand réconfort en me suivant
comme ma bonne étoile.
6h30, ça y est, la Dyane est garée en
bas de l'immeuble, après 12 heures de route! Je m'accorderais les 10
minutes de rasage matinal pour dormir un peu à la place avant de
reprendre le boulot. Il me reste à passer le CT pour
l'immatriculation de la Dyane, mais elle est contente de se retrouver
au milieu de la petite basse cour au pied de l'immeuble, entre la 2cv
et la méhari!
à suivre...