Nature Humaine (amocalypse)
Méhari>Aventures>Vécu>Ma Route d'Or infernale par Loïc
Première version: 2007-02-11
Dernière version: 2007-02-11
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Posté sur le forum de la page de la deuche,
le Mardi 15 février 2005 à 19h45:
Alors voilà un petit
récit, pour vous raconter ma "Route d'Or"...
Tout
à commencé sur le forum, lorsque, réagissant à l'invitation du
2CV club de la Côte d'Azur, me venait l'idée d'en profiter pour
prendre livraison d'une méhari de 75 que j'avais trouvé à Saint
Raphaël pour remplacer la 69 le temps que je la refasse.
Je
serais descendu en train pour prendre livraison de la voiture, puis
j'aurais participé à la route d'or, j'aurais visité l'exposition
la BD et la 2cv qui m'intéressait, et puis je serais revenu tout
tranquillement avec (en sachant quand même que je suis jeune
conducteur, depuis quelques semaines à peine, donc c'est une bonne
aventure pour moi, déjà)...
Sur ce José et Marie me proposent
très gentiment de me prendre comme passager dans leur auto,
puisqu'il vont aussi à la route d'or.
Jusque là, tout
va pour le mieux, le week-end s'annonce génial, d'autant que le
temps semble être au soleil sur la Côte d'Azur.
Me
voilà donc prenant le train pour arriver à Grenoble, vendredi soir.
Et là, premier problème, tel l'imbécile heureux que je suis, je ne
note que le numéro de téléphone fixe de José et de Marie, et pas
leurs numéros de portables, qu'ils m'avaient pourtant donnés
(vérification faite dès mon arrivé hier soir, je me suis donné
deux baffes en constatant ma bêtise ).
Donc José et Marie
m'ont attendu dans le Hall de la gare, tandis que j'étais dans une
cabine téléphonique en dehors où je leur laissais des message de
plus en plus angoissés au fur et à mesure que l'attente se faisait
longue (j'étais obligé d'attendre dans la cabine puisque j'avais
donné le numéro de celle-ci dans un message sur le répondeur, et
que je n'ai pas de téléphone portable. Notez que si j'avais cherché
une cabine *à l'intérieur* de la gare, j'aurais été au chaud, et
ils m'auraient certainement trouvé, ou j'aurais entendu le message
qu'ils ont fait passer par l'accueil. Mais quand ma stupidité
s'allie à ma poisse habituelle, c'est redoutable... ).
Bref,
José et Marie finissent par rentrez chez eux, où ils trouvent mes
messages, me téléphonent à ma cabine et José repart pour me
chercher. Ils ont perdu un temps incroyable par ma faute, et moi j'ai
attendu deux heures et demi dans une cabine téléphonique glacée...
Bien fait pour moi me direz-vous...
En fait, il s'avère que
cette journée à été désagréable pour eux, du coup, l'épisode
Loïc ne fait que rajouter une goutte d'eau au vase bien plein. D'une
certaine manière, ça me soulage un peu (si si).
Je fais
donc la connaissance d'un couple de deuchistes vraiment
extraordinairement sympathique, et dans la foulée, je me penche sur
le cas de la 2cv sensée nous amener jusque sur la Côte d'Azur. Le
moteur est partiellement démonté, des ennuis n'ont pas permis à
José et Marie de la rendre roulante en temps voulu. Qu'à cela ne
tienne, si l'on s'y met le soir, ça sera bon pour le lendemain.
J'enfile mon bleu, et on s'attelle au travail. Mission : remettre
l'araignée de l'échappement en place, puis le reste, régler le
moteur puis le remettre marche.
Ben, le lendemain matin, nous
partions en AX ! Aucune des deux araignées disponibles n'a
jamais voulu se mettre en place, pourtant on a tout essayé. Mais à
une heure du matin sans avoir réussi quoi que ce soit, il fallait
mieux aller eu lit. Nous devions nous lever assez tôt le lendemain
matin pour arriver a l'heure pour le début de la manifestation.
La route se fait bien, sans incident notable, et en tant que
passager je profite pleinement du paysage, en prenant au passage
quelques repères utiles pour le retour. On croise des deuchistes
Isérois en cours de route, en pause. Et puis le voyage se termine,
José et Marie me déposent gentiment à Saint-Raphaël où l'on
mange un morceau en attendant le vendeur qui amène ma méhari.
Premier gag, la voiture arrive avec les essuie-glace en
marche : ils ne veulent pas s'arrêter. Du coup, ça a donné le coup
de grâce aux balais . Je les retire donc, a priori, vu le soleil
quasi estival que nous avons, ça ne devrait pas être trop utile. Je
fais un tour de la voiture, je constate qu'elle correspond bien à ce
à quoi je m'attendais. La châssis est très sain, comme le
tubulaire avant, mais celui arrière est tenu par la carrosserie...
Ladite carrosserie est par ailleurs en relatif bon état, même si
elle nécessitera quelques réparations mineures.
Je sais que le
moteur aura besoin d'être refait, le propriétaire ne me l'avait pas
caché et le contrôle technique mentionnant un "défaut
étanchéité moteur" le confirme, mais elle est roulante, et ne
laisse pas derrière elle de trainée d'huile, sa fumée
d'échappement n'incite pas à l'inquiétude.
Par contre,
surprise désagréable et qui comptera pour la suite des évènements,
le combiné blocage de direction/contact/démarreur a été
bidouillé. Seul demeure la fonction "blocage de direction",
mais le contact se fait par une tirette rajoutée au tableau de bord
(une tirette d'essuie-glace pour anciennes 2cv), et le démarreur est
actionné par un poussoir lui aussi fixé sur le tableau de bord.
Bon, les papiers sont fait, mais je repart au volant de la méhari
chercher avec l'ex-propriétaire un moteur et une boite qui devaient
aller avec la voiture (moteur qui se révèlera être un 435), José
et Marie partent en avant pour se faire prêter une 2cv pour
participer en deuche à la route d'or. On se donne rendez-vous à
Grasse, là où doivent se rassembler les 2cv venues participer à la
manifestation. A priori, c'est au centre ville, donc pas trop
difficile à trouver. Je l'espère bien, parce que je n'ai toujours
pas de téléphone portable et que je ne connais pas du tout
Grasse.
Le plein ayant été fait par le vendeur, je ne perd
pas de temps et je reprends ma route, direction Grasse. Sauf que,
rapidement, je dois stopper sur le bas-côté. Les bâches sont dans
un état acceptable, mais il n'en va pas de même pour les sandows
qui doivent la maintenir en place. Du coup, en roulant, ça bouge un
peu trop. Comme il fait beau, je décide de tout virer, bâches
latérale, arrière et haut de portes (l'attache de ces dernières
sur les portillons étant manquante, en plus). Roulé, tout passe à
l'arrière, avec le moteur et la boite de vitesse, les haut de porte
par derrière les sièges. Drôle d'effet de rouler en chemise, dans
les remous aérodynamiques...
Quelques kilomètres plus
loin, au niveau du péage, nouvel arrêt technique : le rétroviseur
gauche se replie sous la pression de l'air, lorsque la voiture
dépasse les 60/70 km/h . Je sors mes outils, je revisse
l'attache, tout est bien mieux. Prêt pour un petit voyage
autoroutier entre Saint-Raphaël et Grasse. Côté freins, ils ont
été refaits, mais visiblement pas réglés : je suis obligé
d'aller en fin de course de pédale pour trouver de la résistance,
c'est moyennement pratique. En plus, la tige de la pédale
d'accélérateur à du jeu latéral, ce qui fait que lorsque je
freine, le pied accroche parfois en même temps le pédale
d'accélérateur. Pas top. Du coup, j'ai dû faire gaffe à ça
durant tout le temps où je conduisais, et particulièrement en
ville, bien entendu. Enfin elle freine bien, c'est déjà ça !
Ah,
autre détail franchement atroce : la ceinture ventrale. Elle est
capricieuse et faite de telle manière qu'elle nécessite de toute
manière ses deux mains pour être fixée. Du coup, j'ai passé la
moitié du week-end détaché, faute d'avoir pensé à l'attacher
avant d'emprunter la voie publique (alors que c'est un réflexe dans
une autre auto, il faut croire que je n'étais pas dans mon
assiette).
Une fois sur l'autoroute, je peux constater que ma
méhari souffre effectivement d'une motorisation symbolique ou bien
fatiguée, en montée, je dois rétrograder sévèrement, et quand le
vent, assez fort déjà samedi s'y met, c'est pareil... Et c'est bien
un 602, hein.
Le bruit du moteur est très présent, normal me
direz-vous en méhari, puisqu'on est pour ainsi dire dans le même
habitacle que le moteur, mais là, ça me paraît vraiment trop...
Bon, je n'ai pas l'habitude non plus du 602cm3. Mais quand même,
j'ai la franche impression d'être en sur-régime lorsque je veux
atteindre le repère rouge sur le compteur de vitesse pour passer à
la supérieure, et lorsque je rétrograde, surtout de la troisième à
la seconde, il y a un a-coup violent, comme si je freinais fort.
Pourtant je ne suis pas brutal sur l'embrayage... Bizarre, je ne sais
pas d'où ça vient. En plus, le moteur, à l'arrière, est mal calé
malgré mes efforts, et chaque fois que je freine ou que j'accélère,
j'entends un gros "clong".
J'arrive donc
finalement à Grasse. Il est presque 15h. Et là, bien évidemment,
je me perds. Je prends bien la montée qui mène jusqu'au lieu de
rassemblement, mais étrangement, je ne vais pas assez haut, et je
fais demi-tour au rond-point juste en dessous, parce que j'ai vu
descendre plein de 2cv. Erreur. Si j'avais poussé un peu plus loin,
je me serais épargné des aller-retour à la recherche d'improbables
panneaux. A mes appels désespérés, les deuchistes rencontrés me
répondent avec de grands sourires, des appels de phares et des
"bonjour" sympathiques, mais peu en relation avec ce que
j'attendais d'eux à ce moment précis, snif ! Et toujours ce
gros "clong" à l'arrière à chaque mouvement du moteur.
Enfin, je parviens jusqu'à la place du rassemblement, pas de
très bonne humeur sans doute de m'être perdu dans la ville pendant
aussi longtemps. Je crains d'avoir laissé une très mauvaise
impression lors de mon arrivée... Je prends ma plaque de
rallye, les tickets pour la restauration et le gîte et je me gare un
moment (pas trop bien d'ailleurs).
Et là, je fais ce que
j'aurais dû faire en premier, je vérifie le niveau d'huile :
horreur, il est bien en dessous du minimum, en fait il y a juste le
bout de la tige qui baigne, dans une huile bien noire...
Arf. Dire que je viens de faire 50 km sur autoroute comme ça. Le
moteur est bien gentil de ne pas m'avoir explosé à la figure, ou de
ne pas avoir serré. Grosse frayeur rétrospective. J'avais fait
confiance au précédent propriétaire à qui j'avais demandé de la
mettre en état de marche, et comme il m'avait dit avoir fait le
plein d'essence, j'avais pris pour acquis que le plein d'huile aussi
avait été fait, tellement c'est basique... Moralité, toujours
vérifier même les trucs les plus basiques.
Pour couronner le
tableau, l'ancien du 2cv club de la Côte d'Azur présent à
l'accueil me stresse encore plus que je le suis en me disant ce que
je sais déjà : primo, rouler sans huile est suicidaire pour le
moteur, deuxio, nous sommes samedi, donc demain ce sera dimanche et
pour trouver de l'huile, ça ne sera pas facile. Et pour faire bonne
mesure, il remarque les pneus pas trop gonflés (mais bon, j'étais
un peu chargé à l'arrière, avec le moteur et la boite de vitesse,
plus quelques bricoles).
Moralité, pas le temps de me
soucier du programme de la journée, je dois partir immédiatement en
quête d'un magasin pour acheter un bidon d'huile. Un gros. Ne
sachant pas jusqu'à quel point le "défaut d'étanchéité
moteur" mentionné par le contrôle technique est grave, je dois
prévoir des pleins d'huile éventuels pour le voyage retour. Me
voilà parti, sans avoir pu profiter du plateau de 2cv présenté, ni
de la bourse de pièces...
Et là encore je me perds. Je suis
sur la piste d'un "Auchan", piste que je perds subitement,
ne trouvant plus de panneau. Je me dis que pour une fois que je
regarde ce type de panneau, c'est bien ma veine de ne pas en trouver.
Finalement, je retombe sur la piste d'un "Leclerc" que je
finis, non sans mal vu la circulation, par trouver. Et dans la
circulation urbaine, plein de freinages et de rétrogradages
agrémentés de "clongs" exaspérants, à la
longue.
J'achète mon huile, et je la met dans le reniflard en
imaginant combien ça pourra faire du bien au moteur. Ce n'est pas
parce qu'il était fatigué qu'il fallait tenter de l'achever !
Et puis je repars, bien décidé, cette fois, à profiter de
cette route d'or, non mais ! Je me plonge dans le programme de la
journée, et je vois qu'à l'heure qu'il est, tout le monde doit être
en route pour cap d'Antibes. Je me décide à y aller. A priori, la
mer n'est pas loin, je décide de couper tout droit plutôt que de
suivre le road-book. De toute façon, seul, c'est impossible à
suivre, un road-book . Bon, petit problème, la sortie du
magasin se fait par un petit raidillon sauvage, et je cale en haut
parce qu'un type engagé sur le rond-point ne sait visiblement pas où
sont les clignotants sur son auto. La twingo derrière me colle au
pare-choc. Stress intense. Mais je réussis finalement mon démarrage.
Je hais les gens qui collent au pare-choc, vous ne pouvez pas
savoir.
Je ne vais pas loin. Quelques mètres plus loin, une
fumée envahi l'habitacle pourtant bien aéré de la méhari.
Quelques centaines de mètres plus loin, je suis forcé à m'arrêter
tant la fumée commence à être importante . A ce moment là,
pour ne rien vous cacher, je pense que le moteur est en feu. Je
stoppe à l'entrée d'une usine, au milieu de nulle part. Je descend
et arrivé en face de la pauvre titine, je commence à comprendre
l'origine de la fumée. Une huile noire macule toute la calandre,
coulant de dessous le capot. Lorsque je retire prudemment ledit
capot, celui-ci révèle un moteur couvert de la même huile noire.
En tombant sur l'échappement, cette huile partait en fumée...
L'origine du problème ne fait aucun doute. Le clapet du reniflard
est grand ouvert. Vous ai-je déjà dit combien j'étais con ? A ce
moment, jamais cette réalité ne m'avais parue si clairement. Bref.
Comment éponger l'huile ? Je n'ai absolument rien pour ça. Détresse
absolue, paumé dans ma zone industrielle, avec des grosses voitures
qui filent sans s'arrêter sur la route à côté.
Et là,
miracle, le vigile de la société sort de sa guérite et s'approche
pour venir aux nouvelles. Je lui fait un bref topo de la situation,
et il se révèle être un de ces nombreux admirateurs lointain de la
méhari, qui, bien que n'en ayant pas, a pour ces drôles de voitures
une affection réelle. Je suis à deux doigts de la lui proposer
contre un paquet de caramel mous, mais je me reprends, heureusement
:p. Voyant ma détresse, il me propose alors de m'amener du papier
pour éponger, un sac pour mettre le papier souillé, et il emporte
même le capot pour le nettoyer au nettoyeur à eau sous pression,
dans l'usine. Du coup, après presque une heure de nettoyage, le
moteur est à peu près propre (moi je le suis beaucoup moins déjà
). Je prends congé de mon sauveur avec un grand sourire, de grands
remerciements, et quelques excuses pour avoir souillé l'entrée de
l'usine, avec ma sale huile. J'emporte le rouleau de papier avec moi.
Il pourrait m'être utile plus tard... Comme j'aimerais parfois que
mes prophéties ne se réalisent pas !
Enfin pour le moment,
je suis paumé dans une zone industrielle, là où aucun deuchiste
n'a dû passer durant tout le week-end, et le soleil décline. Je
redonne un coup d'oeil au road-book. C'est juste pour atteindre Cap
d'Antibes, mais ça doit être possible. Si j'y parviens, je pourrais
rentrer avec le convoi, ce qui est plus rassurant, et moins emmerdant
du point de vue de la navigation en ville inconnue . Manque de
chance, une fois encore, je me perds. Les panneaux indiquant la
direction a suivre n'existant pas à tous les carrefours, j'en suis
réduit à y aller au pif . Me sentant perdu, je décide de
faire demi-tour, tant pis pour Cap d'Antibes, je veux regagner le
lieu de rassemblement pour redescendre de là au gîte et me reposer.
Je n'en peux plus . Bon, direction Grasse-centre. Sauf qu'à un
rond-point en travaux, plus d'indication. Super. De nouveau livré à
moi-même, sans copilote, je me perds encore. Je tourne et retourne,
emmerdant plus ou moins les automobilistes qui eux, savent où ils
vont, et je parviens finalement à retrouver ma route.
Arrivé
au lieu de rassemblement, je fais une courte halte pour reprendre du
calme dans un lieu un peu moins hostile que les autres (un endroit où
je ne sois pas perdu, quoi), puis je décide d'en finir avec cette
journée de galère et d'aller au gîte, tant pis pour les 2cv, je
les verrai demain. Sauf que tout seul, je ne peux suivre le
road-book, et je me retrouve une nouvelle fois à errer dans Grasse .
Bref, voyant que ça ne mène à rien d'insister, je reviens au lieu
de rassemblement pour demander si un convoi va bientôt partir. Comme
le con de base, je gare ma voiture juste au milieu de l'entrée et je
me fais houspiller avec raison par les deuchistes qui veulent
rentrer. Je devais être, il faut le dire, dans un état second
tellement cette après-midi avait été épouvantable . On me
confirme qu'un convoi sera fait bientôt pour le gîte. Je suis
rassuré.
Je me gare donc mieux, et là, j'ai pour la
première fois une conversation avec des deuchistes, et je prends le
temps de regarder quelques autos. Beaucoup regardent avec envie ma
méhari, moi à ce moment là, je dois lui envoyer quelques ondes
franchement négatives...
Enfin, le moment du départ pour le
gîte est arrivé. En convoi, pas de problème, tout va bien (si ce
n'est que décidément, le moteur fait un bruit franchement pas
normal, comme s'il était en surrégime en bout de plage de vitesse,
et que les rétrogradages se font dans la douleur ). Et puis
j'ai un feu stop qui ne marche pas à l'arrière, me dit-on. J'arrive
à destination, je me gare, je trouve ma chambre, et je suis témoin
de la petite pagaille autour des Italiens. Finalement, je retrouve
José et Marie, qui, reculant devant une invasion italienne,
s'installent dans une chambre libre avec un couple de colocataire,
eux aussi Isérois. Je les suis. Pour remonter manger à Grasse, je
prends leur auto. J'avoue que je suis soulagé de laisser ma voiture
au parking du gîte, même si elle est toute ouverte et avec tout le
matériel dedans.
Coup de chance, en arrivant à la
salle, je vois un pot d'échappement primaire et un silencieux neufs
à vendre. Justement ce dont j'avais besoin pour ma méhari 1969 qui
est en échappement libre. Du coup, plus besoin, au retour, de faire
le crochet par le groseille-club. C'est parfait, j'avoue qu'à ce
moment du week-end, j'avais envie de me simplifier la vie au
maximum.
Bon, la soirée se passe, et en mangeant, je regarde
tout triste les images du convoi où je n'étais pas, trop occupé à
me perdre et à asperger mon moteur dans l'huile, au milieu de nulle
part.
* * * Une nuit réparatrice... * * *
Le
lendemain matin, je suis fermement décidé à profiter de la
journée. Déjà, finie la solitude, je compte bien rouler en convoi.
Je fais la connaissance de la voiture prêtée à José, une jolie
AZAM. Nous partons pour le petit-déjeuner, José dans l'AZAM, Marie
au volant de l'AX, moi derrière avec la méhari. Là, petite
variation par rapport à la veille, c'est l'AZAM qui tombe en panne
sur la route de Grasse : fil haute tension de la bobine qui est mort.
L'AX sert de tracteur, et ma méhari qui daigne marcher de véhicule
balais avec les feux de détresse.
Tout se passe bien au début, je gare ma voiture au parc avec
les autres, je déjeune, puis je prends le soleil matinal en
discutant avec les uns et les autres et en cherchant un petit écrou
pour rafistoler la voiture à José, mais en vain. Je demande de
l'aide pour régler le problème d'essuie-glace, et il s'avère qu'en
fait de problème, il s'agissait d'un faux-contact au niveau de
l'interrupteur, donc quand le gentil monsieur arrive plein de bonne
volonté pour réparer mon petit soucis, je n'ai plus de petit soucis
à lui montrer et j'ai l'air con . Je change la disposition de
mon bordel à l'arrière afin que le moteur ne fasse plus "clong"
à chaque mouvement de la voiture en avant ou en arrière . Et
je prends un peu de temps pour regarder les autos. Prudemment, je
songe à réserver une nuit de plus au gîte, de manière a avoir
tout mon lundi pour rentrer et rouler de jour.
Et c'est
le départ pour la balade du dimanche. Le chemin se fait sans
problème, même la partie caillouteuse, même la partie pentue (mais
toujours avec cet a-coup à la décélération dont je ne parviens
pas à trouver l'origine, mais qui ressemble décidément à un
rétrogradage à trop haut régime, bien que je ne le fasse que
lorsque l'aiguille passe devant les repères rouges du compteur).
Et vient le lieu de mon calvaire dominical. Le parking où
les autos sont fleuries. Après avoir longuement patienté, j'y entre
et je me retrouve tout au fond. Passe le temps, et vient le moment de
redémarrer pour faire la route d'or proprement dite, et rejoindre le
lieu de l'apéritif et du repas. Et là, rien. La voiture refuse de
démarrer. Tout le monde s'en va ou presque, et je reste planté au
fond de mon parking . Quelques Italiens m'aident au début pour
tenter de démarrer la voiture en démarrant à partir de leur
batterie, puis en poussant, mais au bout de deux ou trois tentatives,
il faut se rendre à l'évidence, ça ne marche pas, ils s'en vont et
ne reste qu'un petit carré d'irréductibles qui vont mettre leur nez
sous le capot. On cherche un problème du côté des fils de bougies
: en effet, l'un d'eux est bien mort, mais le changer ne permet pas
de redémarrer. J'ai une bobine neuve que je mets à la place, mais
rien non plus.
Finalement on renonce, la voiture ne
démarre vraiment pas. Il est question de l'abandonner pour venir la
chercher plus tard, mais je refuse, avec ma chance du week-end, on
m'y foutrait bien le feu . Alors elle finit honteusement
tractée par une jolie France 3 que je remercie vivement, elle et son
conducteur . Je la laisse sur le parking du gîte, où j'espère
que des gens plus compétents que moi saurons me dire de quoi elle
souffre dans l'après-midi.
Puis j'embarque comme co-pilote dans
la deuxième auto qui était restée, et nous partons rattraper le
cortège le long de la route d'or. En fait on ne les rejoint qu'au
site du repas, et j'ai fait rater la balade et l'apéritif à mes
dépanneurs, j'en suis désolé . Je raconte ma nouvelle
mésaventure à José qui me donne un jeu de rupteur/condensateur
neuf (que je lui dois, donc).
Du coup, je n'ai pas trop faim.
Outre la contrariété de la balade gâchée, je pense que je suis
sensé repartir avec cette auto et faire près de 400 kilomètres à
son volant, et j'ai un peu peur de la prochaine merde qui pourrait
m'arriver avec.
Je saisi la première occasion de redescendre
au gîte, avec des membres du 2cv-club dauphinois, sans attendre la
tombola. Vu ma chance du moment, ce n'est pas la peine . Tiens
maintenant que j'y pense, un accroc dans ce week-end infernal, je ne
suis *pas* bloqué par l'incendie. Donc j'arrive sur le parking où
avait été traînée titine, et très gentiment, les dauphinois se
mettent en quête du problème sur mon auto . Vu les symptôme,
c'est bien évidemment l'allumage qui est fautif, oui, mais à quel
niveau ? Il est décidé de changer les bougies, j'en ai un jeu neuf.
Effectivement, vu la tête des anciennes, elles n'avaient pas dû
être changées depuis bien longtemps (écartement trop important et
usure de la patte métallique). Le câble haute tension défaillant
de la bobine est changé. Le ventilateur tombé, nous constatons de
plus avec horreur que le radiateur d'huile est purement et simplement
colmaté avec du cambouis . Avec le papier hérité du vigile de
l'usine, je nettoie la face avant, mais il faudrait des heures pour
passer avec la petite tige improvisée dans tous les trous du
radiateur pour le rendre enfin efficace. Rétrospectivement, j'en
reviens mentalement à mon voyage sur l'autoroute, avec un moteur
sans huile et sans refroidissement du peu qui reste...
J'imagine bien entendu que la cartouche d'huile doit être morte
aussi. Et mon mécanicien bénévole s'attaque pendant ce temps aux
rupteurs. Effectivement, ils n'ont plus été changés depuis trèèèès
longtemps vu leur tête.
Seulement, une fois la chaîne
d'allumage remise dans un état meilleur, ça ne fait rien, l'auto ne
démarre pas plus. Pas une étincelle aux bougies. Petit moment
de réflexion. Puis éclair de génie d'un des dauphinois qui
incrimine le contact. Le petit interrupteur d'essuie glace remplacé
par un bout de fil pour fermer le circuit, la méhari daigne enfin
redémarrer.
C'était donc ça qui m'avait immobilisé sur le
parking des mimosas ? Pourquoi ça a claqué d'abord ??? Bref, elle
démarre maintenant.
Les dauphinois remontent en Isère
dans la foulée, et me proposent gentiment de rentrer avec leu
convoi. Sauf que vu l'heure avancée, presque 16 heures, ça me
ferait arriver de nuit . De plus, ils ont des 2cv6 qui roulent
bien, donc je serais un boulet pour eux, et je n'aime pas l'idée de
me retrouver seul de nuit sur la route avec la méhari en panne...
Donc je les laisse partir. S'il y en a qui me lisent, je tiens à
leur renouveler mes remerciements pour leur aide .
Un
peu plus tard, après qu'ils soient partis, après avoir remonté les
bâches sur la voiture pour préparer le trajet du lendemain (en
fixant de manière très tendue les sandows pour que les bâches
restent bien en place), je décide tout de même de reprendre la
voiture, pour voir si tout va bien. Premier essai, échec, le
démarreur ne lance pas la voiture. Grosse suée d'angoisse .
Mais après une ou deux tentatives, elle redémarre, et je reviens
sur le lieu du rassemblement des 2cv au centre ville de Grasse,
désormais déserté, et retour au gîte, alors que la nuit tombe (je
rate d'ailleurs l'entrée du parking lorsque je reviens) .
Je
gare la voiture, puis je vais prendre une douche bien méritée.
Enfin je grignote quelque chose de mes provisions, mais l'appétit
n'est pas là, par contre j'ai soif. Angoisse du parcours de retour.
Justement, il faut que je fasse mon road-book pour le lendemain. José
m'avait dit la veille qu'il va revenir par la même route que
l'aller, mais en partant plus tard que moi, donc il sera derrière et
pourra me récupérer en chemin si je suis naufragé sur la route .
Ça me rassure un peu.
* * * Une nuit peu reposante. * * *
Je me réveille, je m'habille, je me brosse les dents, pas de
petit déjeuner. Après modification du trajet suite aux conseils de
José qui lâche la route Napoléon N85 pour la N75 à Sisteron, je
suis paré. Si la voiture tombe en panne, il me récupère.
Et
c'est parti, à 8h30 ce lundi 14 février. Enfin c'est ce que je
pensais. Parce que la belle ne veut rien savoir. Pas moyen de lancer
le moteur, le démarreur semble faire des siennes, et après une
demie-douzaine de tentatives je crains de flinguer la batterie. Juste
ce qu'il me fallait avant de partir . Je remonte en catastrophe
au gîte pour mobiliser les derniers deuchistes présents pour qu'ils
me poussent. Premier essai raté par ma faute. Le deuxième est le
bon, dans la descente du parking, mais horreur, la voiture cale
arrivé en bas. Sauf que là, miracle, elle redémarre à la
troisième sollicitation du démarreur. Et là, autant vous dire que
je remonte le starter, et qu'avant de remercier mes derniers Bons
Samaritains, je laisse tourner l'auto, frein à main bloqué et au
point mort.
Là, je suis parti pour de bon. Enfin
croyais-je encore, grand naïf que je suis. Parce qu'arrivé à
Grasse, avant de rejoindre la route Napoléon, j'arrive à un petit
rond-point au bout d'une rue en travaux qui monte sec, et en face de
moi, arrive une camionnette s'étant mal engagée, qui doit
manoeuvrer, bloquant à la fois le rond-point et la rue . J'ai
le pressentiment de la catastrophe (un grand cri dans l'habitacle :
nooooon ! ). Et ça ne manque pas, je dois m'arrêter dans
cette petite rue pentue, je rate mon démarrage en côte et je cale
la voiture qui ne veut plus repartir, le démarreur ne lançant pas
le moteur .
Péniblement, en faisant chier toutes les
personnes qui voulaient emprunter ce petit rond-point, je pousse ma
voiture afin de la mettre dans la pente. Manque de bol, la première
pente, c'est la rue d'où je viens et elle est en sens interdit.
Alors je dois pousser encore un peu, vers la seule autre ruelle en
pente... Et je me lance. Miracle, le moteur redémarre .
Là,
je vous assure que j'ai pris la ferme décision de ne plus m'arrêter
tant que la voiture pouvait rouler. Et elle a bien roulé,
finalement. Elle a avalé la route Napoléon et ses cols sans
broncher. Le seul problème rencontré en roulant sur cette première
partie du trajet, c'était le fort vent de travers que je trouvais
parfois. Les élastiques qui auraient dû maintenir le capot
fermement en place ayant été remplacés par des ficelles, et comme
le capot était un peu endommagé, il ne tenait pas bien, parfois je
devais m'arrêter pour remettre ces fichues ficelles d'accrochage, et
je devais réduire ma vitesse.
Un peu avant Sisteron, moment
de vérité . Le réservoir se faisant bien vide, j'ai dû me
résigner à m'arrêter à une station service. Et qui dit station
service dit arrêt du moteur. Mais là, miracle, elle a redémarré
du premier coup ! Et je ne me suis plus arrêté jusqu'à mon arrivée
chez moi.
Seulement une dernière (mauvaise) surprise
m'attendais. Au pied du Vercors, dernière barrière montagneuse à
franchir, c'est bien blanc de chaque côté. En haut, les nuages
lèchent les sommets. Hum. C'est quoi ces machins blanc qui volent ?
Gloups, de la neige. Avec mes essuie-glaces sans raclette sur les
balais ?! Bon. Une petite pause, moteur tournant,
toujours, hein. J'enfile mon manteau bien chaud, je mets ma
casquette, mes gants, c'est qu'il commence à faire froid. C'est
parti. Et oui, effectivement, plus je monte, plus la neige tombe.
J'actionne les essuie-glace, et miracle, ça dégage quand même
assez le pare-brise . Le dernier kilomètre est assez difficile,
je le monte à 35/40 km/h... Si j'appuie un peu plus sur
l'accélérateur, je pars de travers, donc du calme, du sang-froid et
de la patience. Je passe en haut du col, et dans la descente, que je
prends prudemment aussi, je croise un chasse-neige qui monte. Et puis
je me fais doubler par un camping car qui dévale la pente comme si
c'était plein soleil, et il y a même un gros semi-remorque qui me
double à fond, en passant sur des zébras alors qu'il y a deux bons
centimètres de neige, en n'oubliant pas la gentille petite queue de
poisson...
Bref, je fais la traversée dans des
conditions pas terribles, et bien évidemment la température à
l'intérieur de l'auto rejoint celle de l'extérieur (GLA ! ).
Un moment, je m'arrête dans un village pour retirer la neige qui
commençait à prendre sur le pare-brise malgré les essuie-glace.
Après ça n'est pas revenu. Bon, je ne m'en suis pas trop mal sorti,
pour ma première conduite sur neige, en col, sur une route inconnue
et avec une voiture pas vraiment préparée pour. J'ai fait comme
dans les livres, en jouant du frein moteur et en oubliant la pédale
de frein.
Après, c'est du détail, avec une portion
d'autoroute pour quitter la cuvette grenobloise et rejoindre les
terres froides... Où j'ai été accueilli par une tempête de neige
redoublée, où l'on ne voyait pas à 50 mètres, avec de la buée
sur les vitre (et oui, vous devinez, les conduites de chauffage
n'étaient pas en place !!! )...
Ah si, dernière chose.
Arrivé chez moi, je coupe le moteur pour décharger tout ce que j'ai
dans l'auto. Erreur. Lorsque je veux repartir, de nouveau, rien, le
démarreur fait grève . Je dois pousser la voiture sur dix
mètres avec une petite bosse à franchir sur la fin, pour la mettre
dans une pente favorable et la relancer ainsi pour qu'elle daigne
effectuer le dernier kilomètre qui la sépare de son lieu de
parking. J'aurais été emmerdé jusqu'au bout ...
Autant
vous dire que je garderai un souvenir de cette route d'or pendant des
années, c'est sûr ! Dommage que ce ne soit pas pour la même raison
que les autres... Mais je garderai aussi le souvenir de l'aide que
j'ai reçu ! et ça c'est top!
Et la méhari, me direz
vous ? Eh bien j'ai résisté à l'envie de déverser sur elle mon
jerrican d'essence et d'y mettre le feu. Mais je vais la laisser là
où elle est un moment je crois, avant d'y retoucher... :-p
à suivre...